État

Entretien avec Maxime Zaït

Devenu un véritable marché, l'habitat temporaire n'a plus grand chose à voir avec les démarches spontanées originairement portées par des collectifs artistiques, en recherche de lieu indépendants de création et/ou de diffusion. Il donne désormais lieu a de vastes projets urbains d'occupation d'espaces vacants, mis en œuvre par de nouveaux professionnels de l'intermédiation. Que nous disent ces pratiques sur la possibilité - ou non - de favoriser l'émergence de communs urbains et de quartiers solidaires ? La Revue EnCommuns a souhaité ouvrir ce questionnement, en recueillant la parole d'acteurs de terrain. Dans cette perspective, Sébastien Broca et Corinne Vercher-Chaptal se sont entretenus avec Maxime Zaït, co-fondateur de l'une des principales structures opérant dans le champ de l'occupation temporaire à Bruxelles : l'ASBL Communa.

À propos de trois ouvrages de Q. Skinner, M. Plouviez, Y. Bosc & D. Casassas

Dans ce texte, Jean-Fabien Spitz propose une recension de trois ouvrages, qui interrogent les conditions de la liberté et remettent en question la liberté « libérale », conçue comme absence d'entrave. La question des communs en découle. En effet, historiquement, les communs sont une modalité du contrôle démocratique des ressources matérielles et symboliques nécessaires à l'existence de la communauté. Sans ce contrôle, il n'y a pas de liberté possible, puisque l'on risque toujours d'être soumis à la domination de ceux qui possèdent ces ressources. Les communs sont donc une réponse politique et économique aux problématiques de la liberté, telles qu'elles sont ici présentées par l'auteur du point de vue de la philosophie politique.

Rencontre avec Patrick Chemla

Voyage à Reims n'est pas un texte « clé en main » sur la fabrique d'un commun. Il s'agit plutôt d'un « texte passerelle » entre le monde complexe, sensible et politique du soin psychique et les praticiens et théoriciens des communs. Le texte relate la genèse et le déploiement de la praxis de Patrick Chemla, psychiatre et psychanalyste du service public. Fabienne Orsi a réalisé ce long entretien pour la Revue EnCommuns dans la perspective de transmettre une expérience riche d'enseignement pour la recherche et les débats sur les communs et le commoning. Ce texte donne d'autant plus matière à penser qu'il témoigne d'un ilot de résistance face à la destruction massive du service public de soin psychique, alors même que la santé mentale a été reconnue « Grande cause nationale 2025 ».

Il s'agit de l'estampe du Cyclop réalisée par Jean Tinguely, inspirée de l'oeuvre monumentale qu'il a réalisé en collaboration avec Niki de Saint Phalle, et plusieurs autres artistes. Une présentation de l'oeuvre est disponible sur le site du centre Georges Pompidou

Entretien avec François Crémieux et Johanne Menu

Voici le récit d'une initiative unique en France portée par la direction d'un Centre Hospitalier Universitaire. Dans ce long entretien conduit par Fabienne Orsi, François Crémieux et Johanne Menu retracent avec détails leur engagement pour le déploiement de centres de santé "hors les murs" de l'hôpital pour lutter contre les déserts médicaux. Ce faisant ils nous livrent une vision renouvelée du service public hospitalier qui s'étend et s'invente.

« femme aux mille visages », peinture monumentale de l’artiste colombienne Zurik sur une façade de la résidence des Arnavaux, dans les quartiers Nord de Marseille dans le cadre du projet culturel du Musée des Arts Urbains de Marseille.

Retour sur les institutions qui on fait de la science un commun

Dans un texte écrit en 2013, Olivier Weinstein revenait sur les origines et les principes de ce qu'on désigne comme la "science ouverte", qui a permis de faire de la connaissance scientifique un commun. À l'heure où, aux États-Unis comme en France (bien que sous des formes différentes), une attaque de grande ampleur se déploie contre l'ethos et le financement de la recherche scientifique, il nous a paru utile de publier ce texte, qui en annonce d'autres sur ce sujet majeur. EnCommuns entend ainsi apporter sa contribution au mouvement "stand  up for science", afin de défendre et réinventer la science ouverte et ses institutions. 

La Tech sous Trump (1/2)

Cet article est la première partie d'un diptyque consacré au numérique dans le contexte créé par l'élection de D. Trump. Sébastien Broca y revient sur les origines idéologiques de l'extrême-droite technologique, en analysant trois tendances anti-démocratiques (libertarianisme, prométhéisme, néo-fascisme) profondément ancrées au sein de la culture numérique. Il s'arrête aussi sur les éléments matériels qui expliquent le rapprochement entre la Tech et le trumpisme, dans le cadre d'une alliance renouvelée entre l'État américain et les grandes entreprises.

Un paysage numérique très contrasté d'un train allant vers l'ouest avec des colonies en bas à gauche. L'image comporte cinq cases symbolisant la vision par ordinateur, avec des textes tels que « colons », « montagnes accueillantes », « l'avenir nous attend » et « population autochtone », qui est inexistante.

Alors que le néolibéralisme autoritaire montre chaque jour ses conséquences délétères, Bruno Carballa propose dans sa recension de l’ouvrage "Ni público ni privado, ¿sino común? "de réfléchir aux contours d’un projet politique global articulé autour des communs.

Grâce au travail de traduction d'Antoine Constantin Caille, nous publions en français quatre textes du "poète-paysan" John Clare (1793-1864). Comme le souligne Sarah Vanuxem dans sa présentation, ces poèmes conduisent à envisager les communs fonciers traditionnels comme des milieux peuplés d'humains et de non-humains. S'y exprime avec force ce qu'on appelle désormais solastalgie, soit la détresse causée par la destruction des écosystèmes sous l'effet de l'industrialisation et de la privatisation.

Entretien avec A. Burret et Y. Duriaux

À l’occasion de la sortie du livre d'Antoine Burret, "Nos tiers-lieux", et alors même que les tiers-lieux sont devenus un objet de politique publique, la revue EnCommuns propose un long entretien conduit par Benjamin Coriat et Corinne Vercher-Chaptal avec Antoine Burret et Yoann Duriaux, tous deux co-fondateurs du réseau TILIOS (Tiers-Lieux Libre et Open Source). L’occasion de revenir sur l’histoire du mouvement des tiers-lieux en France, de discuter leur sens et leur rôle dans la société et d’alerter sur les risques de captation, tant par le marché que par les politiques publiques.

Deux modèles politiques en conflit

Pendant la Révolution française, il existe plusieurs manières de penser l’intérêt général, qui correspondent à différentes conceptions de la république (res publica), au sens large du bien commun et de son gouvernement. Condorcet associe l’intérêt général à la propriété exclusive, la liberté économique engendrant naturellement une harmonie sociale. Robespierre conçoit l’intérêt général à partir du droit à l’existence et du contrôle de son effectivité par les citoyens. Revisiter cette dernière tradition républicaine fournit des ressources pour critiquer l'idée actuelle selon laquelle l'État serait le seul garant de l’intérêt général.

Éditorial - Les communs sont porteurs d'un nouveau récit et d'une nouvelle manière d'habiter le monde, en rupture avec le productivisme et l'extractivisme. A l'heure où ils font l'objet de multiples récupérations et instrumentalisations, nous pensons que leur avenir en tant que concept est en jeu. C'est pourquoi nous lançons la revue EnCommuns en précisant le sens et les contours de notre projet, en lien avec une analyse de la conjoncture présente.