Écologie

Comment le trou noir du capitalisme capture et emprisonne notre système alimentaire (1/2)

L'agronome Tanguy Martin montre dans cet article comment notre système alimentaire dépend d'une technostructure : le complexe agro-alimentaire industriel construit par des années de néolibéralisme agricole. Tout en soulignant les difficultés considérables d'une transition vers des formes écologiques et paysannes, il invite à démanteler les exploitations agricoles industrialisées et à porter d'autres récits du monde agricole, autour des communs.

Photo aérienne d'une grande exploitation agricole

Dans cette recension du dernier ouvrage de Michel Aglietta et Étienne Espagne, Laurent Baronian met en évidence la nouveauté et l'importance des thèses défendues. Il insiste notamment sur la signification du passage de la notion, classique dans la théorie de la régulation, de "régime d'accumulation" (centrée sur la relation capital/travail) à celle de "régime de viabilité" (centrée sur la contradiction capital/terre). Il déploie les implications de ce changement et souligne certaines de ses limites, notamment pour ce qui est du rôle accordé par les auteurs aux "régimes monétaires" qui accompagnent ces mutations.

Critique de la notion de commun négatif

Avec l'accélération des catastrophes liées au dérèglement climatique, on assiste à un regain des thèses effondristes qui touche désormais, avec la mise en avant du thème des "communs négatifs", la réflexion sur les communs. Benjamin Coriat montre que cette notion - qui traite en fait de "non communs" - n'a aucune consistance véritable. Il critique ses implications politiques, qui consistent à s'organiser pour "survivre parmi les ruines". A l'opposé de cette perspective, l'article explique comment il est possible de prendre soin du monde et de faire face à la "tragédie des non communs".

La mer, là où les dechets issus de l'extractivisme sont les moins visibles et pourtant si présents

Grâce au travail de traduction d'Antoine Constantin Caille, nous publions en français quatre textes du "poète-paysan" John Clare (1793-1864). Comme le souligne Sarah Vanuxem dans sa présentation, ces poèmes conduisent à envisager les communs fonciers traditionnels comme des milieux peuplés d'humains et de non-humains. S'y exprime avec force ce qu'on appelle désormais solastalgie, soit la détresse causée par la destruction des écosystèmes sous l'effet de l'industrialisation et de la privatisation.

Éditorial - Les communs sont porteurs d'un nouveau récit et d'une nouvelle manière d'habiter le monde, en rupture avec le productivisme et l'extractivisme. A l'heure où ils font l'objet de multiples récupérations et instrumentalisations, nous pensons que leur avenir en tant que concept est en jeu. C'est pourquoi nous lançons la revue EnCommuns en précisant le sens et les contours de notre projet, en lien avec une analyse de la conjoncture présente.